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présentation editions manuscrit bibliographie m. martin satyre ménippée le libelle roi fils rss billets commentaires présentation satyre ménippée , le plus célèbre des libelles de la fin du siècle ; cette attaque sévère portée contre les états généraux que la ligue convoqua en 1593 afin de pourvoir à l’élection d’un roi de france catholique, a été considérée, à plus ou moins juste titre, comme l’un des événements majeurs qui servit l’accession d’henri de navarre au trône. le genre était nouveau, et le projet moral de l’œuvre, à ce jour inouï, surprit les contemporains : les « satyres ménippées », se dut de préciser alors un « second advis de l’imprimeur », sont « pleines de brocards salez et de gausseries saulpoudrées de bons mots, pour rire et pour mettre aux champs les hommes vitieux de son temps ». un an plus tard, la traduction anglaise sous-titrait, dans le même esprit : a satyre menippized, that is to say, a poesie, sharplie, yet philosophicallie and wisely rebuking vices without regard of persons. après que le manuscrit eut circulé sous le manteau, de nombreuses éditions se succédèrent dans les années 1594-1595. le choix de la forme libre de la satire permettait, en effet, d’accueillir une matière toujours plus riche qui s’organisa autour de la trame originale, pour offrir finalement les traits que l’on reconnaît aujourd’hui à l’œuvre : elle s’ouvre par un avant-propos, la vertu du catholicon , qui met en scène des charlatans, l’un espagnol, l’autre lorrain, lesquels, établis dans la cour du louvre, débitent et vendent aux passants une drogue merveilleuse, le catholicon , remède universel, prétexte au pardon de toutes les fautes. les vertus du catholicon sont exposées en une vingtaine d’articles sur une pancarte que montre l’espagnol : ils passent en revue l’ensemble des méfaits les plus abominables dont les ligueurs se soient rendus coupables, sans jamais en rendre compte devant la justice. ce prologue est suivi de l’ abregé des estats de paris, récit parodique d’une procession qui réunit les plus grandes figures de la ligue, peu avant leur entrée dans la salle des séances des états. c’est alors l’occasion de décrire les tapisseries dont cette salle fut tendue : les sujets divers de ces pièces constituent autant d’annonces des développements à venir, à travers l’évocation d’anecdotes piquantes qui alimenteront les discours des différents intervenants. après le rappel de l’ordre tenu pour les séances, les orateurs les plus habiles de la ligue entrent sur scène pour jouer cette « farce »: tour à tour, mais plus grotesques les uns que les autres, le lieutenant du royaume, duc de mayenne, le cardinal de plaisance, légat du pape, le cardinal de pelvé, avocat des intérêts espagnols, m. de lyon pour le clergé, le recteur rose pour l’université, le sieur de rieux pour la noblesse prononcent des harangues dont la maladresse laisse entrevoir les motivations les plus secrètes, parmi lesquelles, en premier lieu, l’ambition personnelle. l’éloge paradoxal laisse alors la place à une éloquence pleine et sincère, retrempée aux excès mêmes de la parole trompeuse : un septième orateur se lève, m. d’aubray, qui parle au nom du tiers état; et, cette fois, ce qu’on entend est la voix de la raison et du patriotisme. la satyre ménippée ne se conclut pas sur ce beau discours. des descriptions de tableaux ornant l’escalier de la salle, reprenant et amplifiant les premières, puis un recueil d’épigrammes circulant durant les états constituent le plus parfait épilogue à ce magistral pamphlet : symboliquement, le recueil de petits vers reprend strictement la même disposition que la fiction des états généraux, s’ouvrant sur la parole folle et désarticulée d’engoulevent pour se refermer sur la cohérence et le sérieux du discours encomiastique à la gloire de la figure du roi henri. l’attribution d’une œuvre aussi composite est hasardeuse : dans un premier temps, le libelle cherche surtout à adopter une voix neutre, dégagée de toute autorité, et par là apte à se fondre dans la sagesse commune, à se faire l’écho de la raison et du bon sens. par la suite la conscience des qualités esthétiques de l’œuvre a conduit à préciser la part qui revenait à chacun des collaborateurs : pierre leroy, pour le cadre général, gillot pour la harangue du légat, rapin pour celles de lyon et rose, florent chrestien pour celle de pelvé, pierre pithou pour celle de d’aubray, passerat et rapin se partageant les pièces de vers. ils participent tous, peu ou prou, d’une même société, bourgeoise, proche du barreau, savante et militante, attachée à la conservation de la société, à la paix, à la raison qu’incarne alors le roi légitime. la satyre ménippée constitue l’une des manifestations les plus significatives de cet esprit gallican, pour lequel érudition et action sont intrinsèquement liées : à travers l’exemple de juste lipse, qui rédige, en 1581, la première satyre ménippée moderne, l’œuvre cherche des cautions antiques : plus que varron, dont il ne reste rien ou presque, c’est le sénèque de l’apocoloquintose, pétrone, apulée, et lucien qui sont invoqués. malgré la fréquence des souvenirs mythologiques et historiques, le texte échappe aux écueils du pédantisme : c’est qu’une autre grande figure de l’histoire du genre hante le texte : rabelais, à la fois présent et distant, caution certes encore indispensable mais déjà difficile à assumer, dans une période charnière que le goût dispute à la verve gauloise. si l’intérêt des érudits du siècle dernier ne s’est jamais démenti pour ce texte, pour des raisons faciles à saisir, la défection dont il souffre aujourd’hui pourrait, à première vue, surprendre ; la captation du terme générique de ménippée par les critiques soviétique (bakhtine) et anglo-saxonne (frye) explique pour une grande part l’absence à ce jour de travaux nouveaux et d’édition critique achevée. martial martin, article « satire ménippée », dictionnaire des lettres françaises :xvi e siècle , direction g. grente, révision et mise à jour michel simonin, paris, fayard et l. g. f., « la pochothèque », 2001. disponible sur: fnac.com amazon.fr a propos satyre ménippée le libelle roi par martial martin infos pratiques contact site pédagogique cv (pdf) twitter téléchargements 1.epidémiologie des discours politiques 2.la vertu des doublons d'espagne 3.entre mouvement et repos: béroalde de verville (revue texte) 4.information littéraire, 2002/3 pages présentation editions edition savante edition de poche editions du xixe s. editions originales manuscrit bibliographie m. martin littératures de propagande et espace public (xvie-xviie siècles) réception des médias et technologies numériques liens gallicanisme catherine maire henri iv commémoration histoire des médias barbier histoire du livre bibliomab dominique varry french political pamphlets mercure français société pour l'histoire des médias satire french political pamphlets satirologie xvie siècle bvh e-rara eliane viennot europa moderna grac les mondes humanistes renaissance lit réseau panurge sfdes xviie siècle cerhac mercure français poésie baroque textes et contextes satyre ménippée © 2018 all rights reserved.